Allez, ne faîtes pas genre : vous avez forcément déjà du croiser ce mot écrit sur les devantures de certains restaurants lyonnais, sans pour autant comprendre à quoi cela faisait référence... Et pourtant, les mâchons font littéralement partie du terroir lyonnais ! Alors, qu'est ce qui se cache vraiment derrière cette drôle d'appelation ? On vous raconte tout sur Radio Espace !
Les mâchons, tradition 100% lyonnaise
On vous l'expliquait dans notre premier épisode de Quenelle et Praline, consacré à une autre tradition lyonnaise, mais Lyon est une ville connue pour avoir été, au XIXème siècle, le temple de la soierie. Et c'est grâce au dur labeur des ouvriers tisserands, que l'on appelait les canuts, que la ville a réussi à rayonner dans le monde entier pour ce savoir-faire. Mais ces hommes travaillaient dur, et commençaient très tôt le matin. Afin de tenir toute la journée, les ouvriers faisaient une petite pause gourmande, avec un repas bien consistant pour recharger les batteries.
C'est comme ça que le mâchon est né : un moment de partage et de convivialité de bon matin, autour de plats riches et sans prétention. Entre charcuterie, fromages et tripes, le mâchon est surtout l'occasion parfaite de rendre hommage à la gastronomie lyonnaise, et une belle façon de se donner du courage avant d'affronter la journée de travail.
Manger un mâchon aujourd'hui, c'est possible ?
Ce qui caractérise le mâchon, c'est qu'il doit être convivial, c'est à dire entouré de copains et de collègues, mais surtout matinal. Manger dans un bouchon à l'heure d'un déjeûner ou d'un dîner ne constitue donc pas un mâchon. Alors plutôt que de vous offrir un brunch dans les nombreux restaurants de Lyon, pourquoi ne pas s'essayer au mâchon ? Si vous pouvez le faire vous même en vous procurant des produits locaux, de nombreux établissements - plus généralement des bouchons - proposent de (re)découvrir cette tradition de bon matin, à partir de 9h, 8h30 pour certains.
Il faudra cependant avoir un bon appétit : oubliez les avocado toast et les jus de fruits multivitaminés. Ici, on parle davantage de cervelle de canut, de tablier de sapeur, d'andouillettes, ou encore de grattons, de pâté en croûte et de tripes, sans oublier le traditionnel pot de vin rouge. Et pour être sûr de ne pas vous tromper, sachez qu'il existe une confrérie qui prend très à coeur les mâchons, et qui s'est donnée comme mission de faire respecter la tradition en dénichant les meilleurs établissements. Leur nom ? Les Francs Mâchons !
L'art de mâchonner : le projet des Francs Mâchons
Si le nom peut faire penser à une vaste blague, c'est pourtant un sujet bien sérieux auquel les Francs Mâchons tiennent tout particulièrement. Imaginez un groupe de copains épicuriens, amoureux de moments conviviaux et de bonne nourriture, qui décident de faire perdurer la tradition du mâchon en dénichant les meilleurs de la ville en s'assurant que ledit repas est bien accompagné de vins locaux venus du Beaujolais et du Mâconnais.
Chaque mois, ils se réunissent pour repérer les meilleures adresses, celles qui respectent la tradition tout en rendant hommage à la gastronomie lyonnaise, et récompensent leurs petits protégés avec des diplômes officiels. Et la liste de ces établissements, on peut la retrouver sur le site officiel des Francs Mâchons, avec un classement très précis par arrondissement, mais aussi en dehors de la ville, et notamment à Limonest, Chaponost ou encore Rillieux-la-Pape ! De quoi se donner des idées pour une future sortie entre amis ! A Lyon, on compte notamment le Petit Bouchon chez Georges, le Café du Musée, La Gaité ou encore le Morgon.
Vous l'aurez donc compris : ce rite gastronomique fait aujourd'hui officiellement partie de l'identité de la ville de Lyon, à tel point qu'il concoure pour figurer au patrimoine mondial de l'UNESCO. Manger un mâchon aujourd'hui, c'est surtout l'occasion de rendre hommage à une Lyon travailleuse et chaleureuse, et continuer à célébrer le goût des choses simples et bien faites. Alors, à quand le teambuilding mâchon avec vos collègues ?