Dans les profondeurs de Lyon se trouve un véritable labyrinthe : un enchevêtrement de ruelles, couloirs et escaliers étroits, dissimulés derrière des portes cochères. Ces passages secrets, connus sous le nom de traboules, plongent au cœur de 1500 ans d'histoire. Lyon, autrefois une métropole bourgeoise de la Renaissance, fut également le théâtre des révoltes ouvrières du XIXème siècle et la capitale de la Résistance.
A quoi servaient les traboules lyonnaises ?
Ces passages mystérieux ont été bâtis à la Renaissance. Utilisés par des banquiers, artisans et commerçants, ces couloirs traversent les immeubles, permettant de les franchir d'un côté à l'autre.
Le terme "traboule" provient du latin "trans" (à travers) et "ambulare" (marcher). À l'origine, ces passages n'étaient pas construits pour être secrets mais simplement pour faciliter le passage entre les immeubles. Les premières traboules datent de 1490, bien avant l'essor de l'industrie de la soie à Lyon en 1536, et certains passages remontent même au IVème siècle, lorsque Lugdunum était la capitale des Gaules.
Mais alors, pourquoi les traboules ont-elles été construites ?
Lyon, construite entre deux collines, un fleuve et une rivière, a dû faire preuve d'ingéniosité pour gagner de l'espace en hauteur.
Au Moyen Age, les immeubles lyonnais étaient parmi les plus hauts de leur époque !
La ville se développait au pied de Fourvière et le long de la Saône, avec des maisons imbriquées le long d'axes principaux. Pour relier ces axes sans perdre d'espace en rues transversales, des passages furent percés dans les habitations, reliant ainsi les cours des immeubles entre elles.
Pourquoi sont-elles si spéciales ?
Aujourd'hui, environ 400 traboules existent, chacune unique, correspondant à l'habitation qu'elle traverse. La tradition de construire ces couloirs traversants s'est poursuivie jusqu'au 19ème siècle, notamment sur les pentes de la Croix-Rousse, offrant des raccourcis pratiques aux initiés.
Les traboules de la Croix-Rousse
Le quartier ouvrier des pentes de la Croix-Rousse, la deuxième colline la ville, était autrefois réservé au couvent, puis à la Révolution les biens religieux sonb devenus des biens nationaux, qui pouvaient donc être vendus. Lyon était en plein essor, la ville prospérait grâce au commerce de la soie et devait parvenir à loger les milliers d’ouvrières et d’ouvriers, les canuses et les canuts, qui participent à sa production.
Les traboules du Vieux-Lyon
Après l'exode des bourgeois lyonnais vers la Presqu'île au 18ème siècle, des populations plus modestes s'installèrent dans le Vieux-Lyon, les années sont passées et de nombreuses traboules tombèrent en ruine. Le maire Édouard Herriot, au début du XXe siècle, envisagea leur destruction, mais beaucoup furent préservées et restent accessibles aujourd'hui.
La plus célèbre, la Longue Traboule, s'étend entre le 54 rue Saint-Jean et le 27 rue du Bœuf. Ses couloirs permettent aux bâtiments de la cour centrale d'avoir accès à la rue. Cependant, en raison des dégradations et du tapage, le droit de visite pourrait un jour être restreint par respect pour les habitants.
Les traboules lyonnaises, véritables trésors cachés, continuent de fasciner et de témoigner de l'histoire riche et complexe de Lyon.